Bilan final

Voilà 47 jours que nous sommes de retour chez nous, en France, à Noves plus précisément. 47 jours que notre tour du monde a pris fin. Quelle claque !

Et finalement ce n’est pas chez nous que j’écris ces quelques lignes. J’en ai été incapable jusqu’ici. Nous sommes partis une semaine à la montagne, profiter des pistes de ski. Une façon de clôturer une année qui avait commencé sous le soleil du Mexique. Quoi de mieux que de la finir sous la neige. La boucle est bouclée.

Que dire ? Je m’étais promis de faire ce bilan et je savais qu’il ne serait pas facile à écrire. Mais j’étais loin de m’imaginer la difficulté de mettre des mots sur nos maux. Je vais donc faire de mon mieux malgré tout un tas de sentiments contradictoires qui m’envahissent depuis quelques semaines.

D’abord, quelques chiffres pour résumer, un peu, notre aventure :

• 290 jours, soit 43 semaines ou 9 mois et demi de voyage
• 7 pays différents, en 10 étapes : Mexique, Costa Rica, Équateur, les îles Galapagos, Pérou, Bolivie, États-Unis d’Amérique, Canada, Hawaii et la ville de New York
• 20 vols (internationaux, escales et intérieurs)
• 84 785 kilomètres parcourus en avion, bus, voitures, camping car, bateaux, pirogues, cheval, moto taxi et à pieds
• 110 logements différents : Auberge de jeunesse, hôtels, airbnb, échange de maisons et chez l’habitant
• 48 kilos de bagages sur le dos + 1 colis de 5 kilos expédié depuis le Pérou
• Pas mal d’heures de devoirs
• 1 téléphone volé, 1 disque dur HS, la caméra foutue
• Les trois quart de nos pantalons troués
• 2 paires de tongs Décathlon à 2€ qui ont supporté tout le voyage
• Une angine, 2 gastros, 1 rhume, 0 covid
• Pas assez de souvenirs ramenés
• 5 rendez-vous coiffeur (que pour les garçons !) et 1 lissage pour moi
• Plusieurs dizaines de repas au resto
• Beaucoup de très belles rencontres
• 3 dents perdues (celles de Noah)
• Pleins de baignades en mer, piscines, rivières, cénotes et même 1 jacuzzy
• 6 voitures et 1 camping car loués = 2 crevaisons
• 2 casquettes, 2 gourdes et quelques chaussettes de perdues
• 1 test PCR par personne à chaque changement de pays
• Pas mal de coucher de soleil et quelques lever de soleil
• Une centaine d’animaux observés
• Et il y en a encore tellement à dire…

Vous vous en doutez, c’est avec des étoiles pleins les yeux et des souvenirs pleins la tête que nous sommes rentrés. L’experience fut en tout point parfaite. Au delà de nos attentes et espérances. Partir en famille, en sac à dos, pour plusieurs mois, sans vraiment savoir de quoi l’avenir sera fait et sans avoir de plan de route, a été la plus difficile mais aussi le plus merveilleuse décision de notre vie. Le Mexique avait été le seul pays choisi, seulement quelques semaines avant notre départ. Pour le reste, on s’était dit qu’on deciderai au jour le jour. Carrément à l’opposé de notre premier projet qui devait débuter en aout 2020 et que nous avions programmé de bout en bout. On a pris cette décision, un peu folle pour certains mais vitale pour nous, car notre envie de partir était plus forte que tout, plus forte que le Covid. Et vous savez quoi ? Si c’etait à refaire, on referai à 200% !

Violent. C’est le premier mot qui me vient quand je pense à ce retour. Pendant 9 mois et demi nous avons eu le bonheur de vivre dans une bulle de douceur. Une bulle qui gravitait autour de nous peut importe les situations auxquelles nous étions confrontées. Une bulle où nous étions tous les 4, libre et heureux. Une nouvelle manière d’aborder le monde qui nous entourait. Nous n’avions plus de code, plus de rythme imposé, plus vraiment de contraintes. On vivait l’instant présent. Tout, ou presque, on l’acceuillait avec excitation. Que c’était bon ! Mais dès notre retour nous avons eu tout ce que nous avions laissé derrière nous qui nous est revenu en pleine face. Puissance mille : Écoles, factures, courses, ménages… ce quotidien qui ne s’arrête jamais et qui recommence inlassablement. Bref, un énorme sentiment d’inadaptation à notre vie d’avant. Nous étions à des années lumières de toutes ces contraintes et exigences que nous imposent la société. Un choc. Assez violent, faut l’avouer. Notre bulle, ce jour là, a éclaté.

Extraordinaire. C’est le deuxième mot qui m’arrive à l’esprit. Quelle aventure ! On l’a fait, bon sang ! On en a rêvé, pendant des années, on a imaginé des milliers de fois comment aller se derouler cette aventure. On a lu des livres, des blogs, des témoignages. On a discuté avec des personnes qui avaient tenté cette aventure avant nous. On a essayé d’etre le mieux préparé possible. On partait avec nos 2 enfants, de 5 ans et 9 ans, ça nous rajoutait une pression supplémentaire. On a douté quelques fois. Puis on a tremblé quand une pandémie nous est tous tombé dessus a quelques mois du départ. On s’est demandé s’il fallait abandonner. Et puis, on a écouté nos coeurs. On s’est lancé et aujourd’hui nous n’avons absolument aucun regret. A vrai dire, nous revenons avec la certitude que nous avons vécu 9 mois et demi absolument extraordinaire. On en a pris pleins les yeux, on a fait et vu des choses absolument dingue. Nous n’avons pas passé une journée où l’on s’est dit « Mais qu’est ce qu’on fout là ?! ». Au contraire, on s’est demandés pourquoi on ne l’avait pas fait avant ?! On a réalisé un de nos rêves les plus fous. On a tout aimé. Tout savouré. Si c’était à re-faire ? On repartirai sans hésiter ! Et on se donnerait les moyens de partir plus longtemps. Pour le reste, on ne changerai rien. Absolument rien.

Transformer. C’est le dernier mot que j’associe à la fin de cette belle aventure. On ne peux pas sortir indemne de ce genre de voyage. C’est une expérience qui marque à vie. C’est quelque chose qui nous a profondément changé de l’interieur. Aussi bien pour nous les adultes que pour les enfants. Nous avons vu évoluer Noah et Lilou au fil des mois. Ils ont acquis une maturité et une réflexion sur la vie et les gens qu’ils n’avaient pas à leur départ. Ils ont grandit d’un coup. Et on est fier des enfants qu’ils sont devenus. Pour nous, vivre aux côtés de population aussi différente et variée nous a forcément amené à plusiers reflexions. Sur nous. Sur la vie. Sur notre société. Sur les personnes qui nous ont entouré et qui nous entourent ici. On a un regard tellement changé sur tout ça. On a l’envie furieuse de vivre différemment. De se débarrasser du superflus, tant matériels que mentales. De changer notre quotidien. De vivre autrement. De ne garder que les relations vraies et bienveillantes. Une remise en question nécessaire après avoir vécu à l’opposé de notre vie d’avant.

Ce que nous retiendrons en premier de ce voyage, ce sont les rencontres que nous avons faites. Point fondamental de ce voyage. Outre les découvertes culturelles, culinaires ou encore scéniques, ce sont bien évidemment les rencontres humaines qui nous ont le plus profondemment touché. On ne s’attendait à rien. On ne savait pas à quoi s’attendre d’ailleurs, entre le fait que l’on ne parlait pas espagnol, ou juste quelques mots, et le fait de partir en pleine pandémie. Et puis, la magie de la rencontre à opéré dès le deuxième jour, à Mexico. Nous ferons ce jour-là une rencontre qui nous bouleversera et qui changera notre voyage. Fernando fut le premier d’une longue liste. Dans chaque pays nous avons rencontré des locaux qui ont pris soin de nous, de façon spontanée. Ces rencontres là ont à chaque fois gonflé nos coeurs de reconnaissance et d’humilité. Et nous ont donné des ailes pour continuer. Des gens qui n’ont pas grand chose mais qui te donne tout. C’est une leçon d’humanité et de bienveillance que nous avons reçu au quotidien, par des dizaines d’autochtones. Ce voyage n’aurait pas eu la même saveur sans eux. C’est certain. Aujourd’hui c’est à eux que je repense le plus souvent. C’est en partie grâce à eux que ce voyage fut si extraordinaire.

Tout comme les rencontres avec les habitants des divers pays traversés, celles faites avec des familles de voyageurs, des couples ou des personnes solos ont eu une saveur toute particulière. Je ne pourrai pas tous les citer, surtout de peur d’oublier quelqu’un. Mais nous avons rencontré beaucoup de voyageurs avec qui nous avons partagé un bout de route, une visite, un petit déjeuner, un resto, un apéro, une plage, un pique nique, un bus, un snorkeling, une bière, une auberge de jeunesse ou simplement une discussion au détour d’une rue, d’un sentier ou d’un supermarché. Des rencontres fortuites pour la plupart. Des rencontres à chaque fois très enrichissantes qui ont laissé place à de moments inoubliables. Des personnes avec qui nous avons partagé quelques heures ou quelques jours, dès fois que l’on a rencontré dans un pays et revu dans un autre. Ces moments là on été si fort, si intense avec une connection qui s’est faite instantanément et pourtant, à la base, c’était des inconnus. Mais il suffisait d’un simple regard, une simple discussion pour comprendre que nous vivions la même chose. Que nous étions sur les routes du monde avec la même envie, le même but. Ces voyageurs au long cour, qui comme nous, ont à un moment donné, tout quitter pour arpenter le monde et ses merveilles. Et pour vivre autre chose. Ces voyageurs qui ont eu le courage de vivre leur rêve et avec qui nous avons partagé de chouettes moments sont devenus des amis pour la vie. Comme si les relations etaient immédiates et plus fortes à l’autre bout du monde. Là aussi, ce voyage n’aurait pas eu la même saveur sans eux. On se languit de tous les revoir un de ces jours. Il y a d’ailleurs déjà quelques rencontres de programmées pour bientôt. Et c’est avec excitations et emotions que nous les attendons. Comme pour prolonger ce tour du monde, pour parler encore et encore voyages avec des personnes dont nous avons la sensation, qu’aujourd’hui, il n’y a qu’elles qui comprennent nos émotions.

Ce que nous retiendrons également de ce voyage, c’est que ce fut une formidable aventure familiale. Vivre h24 à 4 pendant près de 10 mois était une vraie inconnue et quelque chose d’un poil angoissant. Allions nous nous supporter ?! Sans vraiment de surprises, ce fut un grand OUI. Ce fut même une évidence, même si de temps en temps nous nous autorisions des petites soirées à 2. On pensait connaitre nos enfants mais pendant ce voyage on les a découvert autrement, différemment. Un vrai bonheur de les avoir vu évoluer sous nos yeux. Un vrai bonheur d’avoir vécu cette parenthèse rien que tous les 4. Une chance que l’on s’est offerte.

Voilà donc où nous en sommes depuis maintenant 6 semaines. On est à la fois tellement heureux d’avoir vécu notre rêve et également déboussolé d’être revenu dans notre ancien quotidien.

Physiquement nous sommes ici. Mais nos têtes et nos cœurs sont encore ailleurs. Loin d’ici. Peut-être dans un cénote au Mexique, ou observant les animaux au Costa Rica, dans l’Amazonie Equatorienne, nageant avec les otaries des Galapagos, regardant le lever de soleil au sommet du Machu Picchu ou celui dans le salar d’Uyuni en Bolivie, peut-être dans l’immensité des grands parcs nationaux Americains, au cœur des rocheuses Canadiennes ou encore sur une plage d’Hawaï… Qui sait ?! Nous avons vécu intensément pendant 9 mois et demi. Nous avons touché du doigt une vie d’insouciance, faite de petits bonheurs et de belles rencontres. Une vie douce et apaisante. Et aujourd’hui qu’il est dur de revenir à la réalité et pourtant nous avons bien conscience, que mis à part gagner au loto, il faut bien gagner de l’argent pour continuer à voyager. Surtout à 4. Une réflexion à creuser, pour la suite.

Aujourd’hui nous avons une certitude : Nous repartirons sur les routes du monde ! Comment, où, quand… on a déjà quelques idées sur le sujet. En attendant, pas le choix, nous reprenons notre quotidien que nous allons saupoudrer de nouveaux projets, histoire de se sentir vivant dans l’inévitable métro-boulot-dodo.

Pour finir, nous vous remercions, vous, nos lecteurs, de nous avoir suivi dans ce projet un peu fou. Beaucoup d’entres vous y on cru et nous ont donné des ailes. 9 mois et demi à l’autre bout du monde, à essayer de vous partager nos aventures, j’espère que ça vous aura, un peu, donnez l’envie de découvrir toute la beauté du monde.

S’il existe une réalité qui dépasse le rêve, c’est ceci : Vivre.

Victor Hugo